Sidi Aïssa, les racines

Publié le par Mounira

C'est une ville dans la wilaya de M'Sila (28), et avant il me semble qu'elle était associée à Medea.


Elle est au sud d'Alger. C'est de là que vient la souche principale de ma famille maternelle.  
Et oui, nous ne sommes algérois que d'adoption, mais cela fait tellement longtemps que nous avons envahi les quartiers de la capitale, que certaines de nos branches sont clairement devenus algéroises. Sans pour autant renier nos origines, heureusement!


Je ne sais pas grand chose de cette ville (ça commence à devenir redondant). Elle tient son nom du wali (qui y a vécu ?) sidi Aïssa, appelé parfois Bougabrine que l'on pourrait traduire par "Sidi Aïssa aux deux tombes". Ce nom vient d'une "histoire" (je ne sais pas encore s'il s'agit d'une simple légende, ou d'un fait considéré comme vrai par les habitants de la ville, ou autre) qui prend pour personnage principal le corps mort de sidi Aïssa (comment est-il mort d'ailleurs ?). Deux tribus se sont affrontées pour pouvoir enterrer le corps du défunt, celle de ses descendants directs et celle de descendants un peu plus éloignés (qui se seraient appelés Fouatah). Chacune revendiquait un droit à disposer de la dépouille du wali et les combats qui les opposèrent furent sanglants. A la tombée de la nuit, chacun des deux clans se retira pour se reposer et soigner ses blessés. Au petit matin, de retour sur le champ de bataille, ils constatèrent qu'un "miracle" (?) s'était produit pendant la nuit; il n'y avait plus un seul corps mais deux, parfaitement identiques. Chaque tribu disposa d'une dépouille qu'elle enterra, les descendants directs érigeant tout un mausolée, dans la ville même de Sidi Aïssa.
Parmi toutes les zones de troubles de cette histoire (le fait est que je ne la connais pas dans les détails donc mea culpa; j'arrangerai tout ça dès que possible inchallah), on peut se demander si le corps a passé la nuit sur le champ de bataille, vu qu'au petit matin les deux tribus le virent en se retrouvant. Et où s'est installée l'autre tribu ? Comment s'appelle cette deuxième ville et où est passée la deuxième tombe ? Est-ce que l'autre tribu se considérait comme des descendants directs ou racontons-nous la version juste ? etc.
J'ai lu qu'il existait de nombreux autres "bougabrine" comme sidi Dilmi (Medjana - là encore deux tribus et deux mausolées, mais cette fois sur deux collines qui se font face; intéressant à voir sans doute), sidi Mohamed Ben Abderrahmane (Belcourt - dispute entre ses descendants et les algérois de Belcourt où il avait décidé de s'installer et de finir sa vie), sidi Bougabrine el Bahri (le marin) en Tunisie.

Il y a de nombreuses autres histoires sur la vie de sidi Aïssa et j'essaierai de raconter ici toutes celles que je pourrais entendre : son voyage en Kabylie, le jour où il fut avalé par un autre wali, l'attaque des islamistes sur son mausolée, etc.

Je me rends compte que j'ai oublié d'expliquer ce qu'est un wali! Il y a plusieurs définition en arabe et la première vous renverra vers des "préfets", les administrateurs des wilayas en clair. Dans ce contexte, "wali" est plutôt un titre qui se rapporte à l'arabe pour désigner un homme "proche de Dieu". Ce titre désigne un homme pieux, qui a reçu de Dieu certains dons, utilisés pour aider les autres (rappelez-vous la chanson sur "Abdelkader boualam dawi el hal aliya" que je traduirais grossièrement par Abdelkader (boualam signifiant "à l'oriflame"; il s'agit je crois d'un wali oranais) guéris-moi). Plus "efficace" qu'un mrabat (un marabout), beaucoup ont des mausolées dans leur ville d'origine, en devenant d'ailleurs des saints patrons à titre posthume. Des gens viennent du monde entier (bon en tout cas de nombreux pays) en ziara (en visite) dans ses mausolées, lorsqu'ils ont besoin d'aide pour guérir (physique, mental) ou trouver une solution à un problème, à une situation qui les paralyse dans leurs vies de tous les jours.
Souvent, on entend dire que rechercher de l'aide dans le mausolée d'un wali va contre les principes de l'Islam, car cela s'apparente à du polythéisme. Les "wali essalihine", ceux qui sont "officiellement" reconnus en tant que tel (il y a aussi des femmes d'ailleurs) ont voué toute leur existence à Dieu, aux actes de bonne volonté, à l'accomplissement d'oeuvres altruistes. Pour beaucoup, leur "aura" de bienveillance, de bienfaisance a disparu avec eux à leurs morts (Allah irahamhoum). 

J'ai été plusieurs fois là-bas, surtout plus jeune donc il faudrait que je consolide mes souvenirs par de nouvelles visites. Je me souviens d'une très longue route par temps de pluie, d'un épisode précis de grêle qui m'avait marquée à l'époque, d'un repas joyeux autour d'une mida (table basse) à base d'el ben (lait fermenté) et de pain matlou' (pain de semoule cuit dans un plat spécial (un délice!). Je me souviens aussi du mausolée obscur et frais et de la terre sombre et humide autour de la tombe.
Et d'un vieil homme rieur pendant le repas. Je regrette de ne pas me souvenir de qui il s'agit, peut-être un oncle que je ne pourrais plus jamais revoir ? Rabbi aalam (Dieu seul le sait).
Ah au fait, comment se fait-il que ma famille vienne de cette ville ? Mais tout simplement parce que nous faisons partie de ses descendants. Les descendants de sidi Aïssa sont aujourd'hui répartis en quelques noms affiliés les uns aux autres de mille et une manière. La plupart vivent toujours là-bas mais nombreux sont ceux qui l'ont quittée pour des raisons diverses. Actuellement la ville, qui s'est considérablement agrandie a vu elle aussi arriver un lot considérable de nouveaux venus et compte en 2008 environ 80 000 habitants

J'ai découvert récemment quelques sites dédiés à la ville en suivant ce: link et ce link.

wilaya : M'Sila
district : Sidi Aïssa 

Publié dans Lieux phares

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L
Lila : Je suis de la tribu ouleid yahya ibn ahmad, mes grand-parents sont aussi les gardiens de la gobba !
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L
Bonjour,<br /> Je suis une "Merabet", descendante directe de Sidi Aissa, j'ai visité de nombreuses fois cette ville.<br /> J'habite en France.<br /> Très fière de mon nom! Je découvre mes "origines" et je vous en remercie mille fois!<br /> <br /> Cordialement, Lina.
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R
Bonjour lina moi aussi je suis un merabet d'alger et mon grand-père il est né a sidi aissa enchanté
L
Lila : Je suis de la tribu ouleid yahya ibn ahmad, mes grand-parents sont aussi les gardiens de la gobba !
L
Bonsoir,<br /> Moi aussi je suis une descendante directe de sidi aissa ! Mes parents sont les gardiens de la gobba et je suis nee et grandi à Alger mais nous y allons ce temps à autre luo rrndre visite dans son mausolé à la ville de sidi Aissa.<br /> J'aimerai tant avoir plus d'info sur d'oú on vient exactement .<br /> J'aimerai bien savoir a quel tribu tu appartiens ! Qui sait?!?!
B
Mon nom est boubeguira zohir, mes grand péres dises qu'on est des descendant de si aissa, j'aimerai avoir plus d'information sinon m'orienter dans mes recherches.<br /> cordialement.
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G
<br /> Bonsoir Mounira !<br /> <br /> Nous avons un point en commun ! Nous avons les mêmes origines et le même<br /> parcours enfin presque...<br /> Je suis né à Alger (Hussein Dey) et j'ai entendu mon oncle paternel (Allah Yarh'mou)<br /> raconter un peu ces mêmes histoires !<br /> J'ai visité Sidi Aïssa deux ou trois fois !<br /> Je srais heureux de mieux te connaître si tu le désires.Lol !<br /> <br /> A+ Kamel (passe sur mon blog et laisse un commentaire !)<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Lah yarahmou.<br /> <br /> Merci pour ton passage, ça me fait bien plaisir de lire ton message! A bientôt!<br /> <br /> <br />